Recherche en santé numérique en Afrique

Ce sujet est destiné aux discussions sur les questions de recherche en santé numérique en Afrique, à la communication des résultats de recherche intermédiaires, aux blogs de progrès de doctorants ou aux appels à collaboration scientifique (internationale).

Priorités pour la recherche en santé numérique en Afrique

Seules quelques universités africaines ont été activement impliquées dans la mise en place de programmes de recherche en santé numérique. La plupart des institutions travaillent d’abord sur la mise en œuvre de programmes de licence et de master en santé numérique avant de se lancer dans leurs propres activités de recherche dans cette nouvelle discipline. Néanmoins, il semble justifié de mener des recherches mieux adaptées au contexte et aux besoins spécifiques des pays africains, qui se caractérisent, entre autres, par:

  • ressources financières et matérielles limitées
  • lacunes importantes en matière de compétences et de connaissances
  • approvisionnement énergétique insuffisant
  • couverture Internet inégale
  • propres déterminants culturels et sociologiques

Il peut donc être intéressant de réfléchir en profondeur aux priorités de recherche en santé numérique dans lesquelles les universités africaines peuvent faire la différence. La coopération panafricaine et internationale sur ces thèmes pourra offrir des opportunités de mutualisation des ressources et d’obtenir de meilleurs résultats plus rapidement. Quelles pourraient être ces priorités de recherche? Au Campus Santé Numérique de Kinshasa, le choix a été fait pour (i) la sociologie de la santé numérique, (ii) l’Intelligence artificielle et le big data pour les contextes à faibles ressources, (iii) l’aide à la décision clinique pour les contextes à faibles ressources et (iv) l’ingénierie biomédicale pour les contextes de ressources limitées. Une collaboration entre la Vrije Universiteit Brussel (VUB) en Belgique et les universités de Kinshasa, Lubumbashi et Bukavu en RDC a été initiée dans ce cadre.

Une coopération internationale (panafricaine) sur ces thèmes serait plus que bienvenue. Mais il est tout aussi intéressant de savoir sur quels sujets de recherche en santé numérique les autres établissements universitaires africains se concentrent aujourd’hui et sur quels partenariats ils ont peut-être déjà conclu.

Merci Frank pour ce sujet.

Au cours des 20 dernières années, le terme “écosystème” est (également) devenu un concept commercial. Il met l’accent sur l’interdépendance des organisations pour atteindre un objectif commun. Adner (2016) définit un écosystème comme ‘ la structure d’alignement de l’ensemble multilatéral des partenaires qui doivent interagir pour qu’une proposition de valeur focale se concrétise ’. Selon cette définition, un écosystème est donc composé d’une multiplicité de partenaires qui ont tous une position définie dans le système et il y a un flux d’activité entre eux. Les relations ne sont pas simplement une agrégation des interaction bilatérales et tous les acteurs dans le système ont l’effort commun de création de valeur comme objectif général. Cela fait de la proposition de valeur le fondement de l’écosystème. Chaque partenaire dans cet écosystème détermine sa propre stratégie. Elle est définie “par la façon dont l’acteur aborde l’alignement des partenaires et assure son rôle dans un écosystème compétitif”.

Une collaboration à un tel niveau a ses avantages et ses inconvénients. Ensemble, on est capable d’accomplir plus avec une plus grande efficacité qu’on ne peut jamais réaliser seul. D’un autre côté, le succès ne dépend pas uniquement de ses propres efforts, mais aussi bien des efforts de ses partenaires. Adner (2012) définit deux types de risques, introduits par les partenaires d’un écosystème : le risque de co-innovation, et le risque lié à la chaîne d’adoption. Le risque de co-innovation fait référence à la probabilité que tous les partenaires soient en mesure de satisfaire leurs engagements en matière d’innovation dans un délai précis. Le risque lié à la chaîne d’adoption fait référence à la probabilité que les partenaires adaptent leurs activités pour permettre à l’innovation d’atteindre des ventes optimales (Adner, 2012). Ces deux risques peuvent être gérés de manière proactive, s’ils sont reconnus à l’avance.

Pensez-vous que cette approche écosystémique pourrait être utile pour progresser dans le développement de la santé numérique en Afrique ? Comment ?


Adner, R. (2012). The Wide Lens. A New Strategy of Innovation . London, UK: Portfolio Penguin
Adner, R. (2017). Ecosystem as Structure: An Actionable Construct for Strategy. Journal of Management, 43 (1), 39-58
Leavy, B. (2012). Interview Ron Adner: Managing the interdependencies and risks of an innovation ecosystem. Strategy & Leadership, 40 (6), 14-21

L’approche est sans doute très valable. Par contre, il est souvent compliqué d’avoir une vision claire de cette chaîne d’adoption. Il nous manque trop souvent l’approche structurée et systématique de faire la cartographie des attentes, des intérêts et des pouvoirs de décision et de blocage dans le cadre d’un projet avant son implémentation. On le fait parfois pendant ou après l’implémentation, quand on est confronté aux problèmes d’adoption concrets (ce qui est trop tard). Ce serait effectivement très intéressant de savoir si certaines personnes ou organisations ont déjà de l’expérience (académique) avec l’analyse de la chaîne d’adoption en Afrique.